Tu avais cette envie de crier au monde ta souffrance. Je me suis donc proposée pour t'aider à la porter. Tu étais là à côté de moi. On était seulement les deux. Assise, sur cette inconfortable barre de fer. Je me souviens de tes yeux remplis de larmes. Je comprenais ta souffrance plus que tu ne l'imaginais. Ce mal qui te rongeait depuis si longtemps. Je le sentais pesant et invivable.

J'ai écouté tes mots avec une envie soudaine de t'aider et te soulager. Je ne pouvais que ça. T'écouter. Mais à mon plus grand plaisir cela t'a fait plus de bien que tout autre remède de grand-mère. Tu courrais comme cette petite fille enfin libre. Jamais je n'avais vu quelqu'un aussi heureuse après avoir parler et soulager son coeur. Je te regardais en rigolant. C'est là, je crois que nos liens se sont tissés. Tu avais ce coeur si pur, ce coeur de petite fille fragile, qui avait subi moqueries des autres.

Je me suis probablement reconnue dans tes paroles, je voulais te protéger. Pour que tu arrêtes de souffrir comme moi. Je voulais mettre un peu de bonheur dans ta vie. J'ai essayé. Cette dernière fois je m'en rappellerais à jamais. Nous étions là, toujours assise sur ce mur blanc, tu me disais que c’était la fin. Je n'ai jamais osé l'avouer. Mais je le savais que tu le ferais. Je l'ai lu dans ton coeur, lorsque tu m'en as parlé. J'ai essayé bien sûr de t'en empêcher, mais je savais que mes mots ne serviraient à rien. Comme un passage obligé avant cette mort brutale. Longtemps j'ai cru que j'aurais pu si... j'ai cette honte au fond de moi de l'avoir ressenti et de n'avoir pas fait plus pour sauver ton âme. Pardonne moi mon amie.

Tu avais droit à des larmes, a plus que ceux que tu as reçus. Evidemment les personnes différentes sont moins appréciées par peur des autres qui préfère la facilité et cette envie d'être normal. Mais moi j'avais vu en toi des qualités que personne encore ne m'avait montrées. Depuis ce jour, je crois que je n'ai cessé d’oublier. Je n'aime pas cette pitié des gens. J'ai caché si longtemps ma souffrance qu'elle m'a rongée de l'intérieur. Oui la vie continuait, mais on n'avait pas le droit de tourner la page si vite. Une blessure ne peut pas cicatriser en une semaine mais en plusieurs mois. J'ai bu pour oublier. Je n'arrivais plus à me sentir bien, sa disparition m'a fendu le coeur. Elle avait pour moi plus d'importance que pour vous pauvres personnes, l'a traitant comme un monstre. Moi je l'aimais plus que je ne le pensais.

C'est elle qui se préoccupait de moi lorsque mon moral baissait. C'est toi qui m’offrais un sourire par ci ou par là. Je n'ai plus jamais osé en parler, mais je te pleure encore dans les nuits chaudes des mois frais de l'année. Je me demande encore pourquoi tu as fait cela. Tu avais cette façon d'apprécier ma compagnie bien plus que les autres. Cette façon de cacher tes sentiments alors que c'était évident sur ton visage. Tu voulais être comme moi, cette fille simple et normale dans un monde ou la différence fait peur et nous rejettent.

Je crois que ce n'est qu'un hasard s'il m'a brisé le coeur après. Que mes rêves ont été brisés un part un. Cela n'est que le destin. Tu m'a dis que j'avais de quoi pleurer. Mais si j'avais commencé, je ne me serais probablement jamais arrêté. Je ne veux pas me lamenter sur le mien, je sais que j'ai souffert et encore beaucoup sûrement, mais je ne suis pas à plaindre. Il faut continuer à avancer et garder dans son coeur, cette envie de croire en la vie et garder simplement espoir.